Trail nocturne d'Ecuillé

Samedi 10 décembre, Hélène, Guillaume et moi prenons la direction d'Ecuillé, près d'Angers, pour le dernier trail de l'année 2011.

Ce n'est que la troisième édition de cette épreuve et pourtant l'organisation paraît déjà parfaitement rodée. Ils proposent un programme très complet avec rando, courses jeunes, un cani VTT, un cani-trail, et deux trails de 9 et 24 km.

1500 participants sont ainsi accueillis dans le cadre somptueux du château du Plessis Bourré.

J'adresse un remerciement particulier à Erwan et Nicolas avec qui nous avons pu agréablement échanger avant et après la course.

L'accueil est royal avec même un « carré VIP », installé dans un des salons du château !

Celui-ci date de la fin du XV ème siècle et il est très bien conservé. Il a même servi de cadre de tournage à quelques films d'époque (dont le Peau d'Âne de Jaques Demy, qu'on se le dise, mesdemoiselles Fradin-Cosneau!)

Ce décor magnifique est utilisé à merveille, avec un départ donné depuis la cour d'honneur, une traversée sur le pont dormant au dessus des larges douves nappées de brume, de longs passages au sein de l'immense domaine forestier et un sprint final empruntant les escaliers des tours.

Vu les pluies abondantes de la semaine, je craignais d'avoir à courir sous des trombes d'eau. Mais pas du tout, le temps est finalement sec, et c'est plutôt le froid qui se fait ressentir.

Une nouvelle fois, j'avançais un peu dans l'inconnu, puisque après la très bonne reprise d'entraînement en novembre, la perf' au cross de la Chantrerie s'était avérée plutôt décevante. Je m'étais donc de nouveau entraîné très dur pendant une semaine ensuite. Cette dernière semaine, j'avais allégé l'entraînement en course à pied pour surtout faire beaucoup de natation et de vélo, le but étant toujours de poursuivre une bonne préparation pour 2012.

Bonne nouvelle durant les quelques accélérations de fin d'échauffement: je sentais que les jambes répondaient très bien et que la forme serait correcte.

Les organisateurs ont sorti le grand jeu pour le départ, donné depuis la cour d'honneur: musique à fond, affichages au laser sur la façade, machine à fumée...grand spectacle ! Je retrouve avec plaisir et salue un bon groupe de coureurs de l'ACPA dans le sas (merci Christian pour les photos).

Le compte à rebours s'affiche au laser et le départ est ainsi donné autour de 18h30 pour environ 6OO participants.

Nous passons sous l'arche d'entrée sans grosse bousculade. Puis, nous empruntons le pont levis, le pont dormant et nous partons pour une première boucle de 18 km. Rapidement Karim El Ouarti, déjà vainqueur ici, se place en tête et imprime le rythme.

Le peloton s'effile sous son impulsion et, après quelques minutes, nous rattrapons des concurrents du 9 km. Nous doublons et arrivons à une intersection. Les bénévoles nous indiquent de prendre à droite, nous nous engageons, puis entendons « le 9 à droite! »...ok, on revient et on demande:" pour le 24?"...c'était tout droit!...plusieurs concurrents nous sont passés devant, mais ce n'est rien, c'est juste l'inconvénient de passer en tête.

Nous reprenons les devants et c'est à nouveau Karim qui mène. Il place une accélération supplémentaire et je lui emboîte le pas. La brume est épaisse et nous marquons plusieurs petites hésitations dans des entrées de champ.

Pas évident de repérer les catadioptres et la rubalise pourtant bien placées...le brouillard est bien présent ! Plusieurs fois, nous perdons ainsi la mini avance et il est clair qu'il va falloir être patient et attentif! Après avoir creusé un nouveau petit trou, nous arrivons dans un grand champ. Nous ne distinguons aucune indication et commençons à chercher...Karim au centre, et moi tout à gauche du champ. Je me retrouve sur une route, mais toujours rien.

A ce moment je vois un groupe de 5-6 coureurs longer le champ dans sa partie droite et filer!...Je repars donc à leur poursuite et nous voilà dans une ferme pédagogique.

Petite fantaisie surprenante: nous devons passer dans un petit tunnel de bottes de paille, à quatre pattes et à la queue leu leu!...Original!

A la sortie, le peloton est reconstitué et tout est à refaire. Au bout de quelques minutes, Karim qui s'était laissé glissé dans le groupe, ré-accélère brusquement et prend ses distances. Je suis le mouvement, mais cette course par saccades m'étonne un peu. Nous enchaînons par un passage dans les champs, petits fossés, slaloms dans les bois, passage sous l'arche d'entrée d'un nouveau château.

Voilà une longue ligne droite très roulante et Karim place une nouvelle accélération très brutale. Nous ne sommes plus que deux à suivre et je suis agréablement surpris de voir que je peux lui emboîter le pas sur ce rythme sans souffrir....Un peu plus loin, le parcours redevient sinueux et je constate que nous ne sommes plus que deux.

Nouveau passage sur une route: Karim est une dizaine de mètres devant moi et disparaît en prenant un virage sur la gauche. Quand je sors à mon tour de la courbe, je vois Karim se pencher et s'arrêter sur le côté. Je lui demande ce qu'il se passe, et s'il a besoin de quelque chose. Il me répond qu'il s'est tordu la cheville et qu'il va rentrer comme ça tout seul. Il m'engage également « à relancer car sinon, ça va revenir derrière »!

Changement complet de stratégie. Cela me convenait très bien d'avoir quelqu'un qui impose le rythme, car je ne savais pas trop où placer le curseur « intensité d'effort » sur ce format de course que je connais mal (24 km).

Je décide de temporiser et de poursuivre tranquillement jusqu'à que les autres reviennent. Il reste plus de10km et je n'ai pas du tout envie de finir seul. D'abord parce que je ne sais pas trop à quelle vitesse aller et surtout parce que plusieurs frontales valent mieux qu'une pour éclairer les catadioptres qui balisent notre chemin. La perspective de reprendre le cycle « je cherche tout seul, je perds du temps, je me fais rattraper et je repars »!... ne m'enchante guère !

Option prudente,...ou petit bras,...c'est au choix!...

Mais Karim menait bon train et cela prend un peu de temps avant qu'un coureur (Anthony je crois,..) ne revienne à ma hauteur et prenne le relais. Je lui emboîte le pas, bien décidé à attendre patiemment que nous repassions au château et entrions dans la deuxième et ultime boucle, celle des 6 derniers kilomètres.

Nous repassons donc côte à côte devant tous les spectateurs qui nous encouragent pour cette partie finale.

Celle-ci s'effectue à l'intérieur même du vaste domaine et les embûches y sont nombreuses.

Nous passons de nombreux fossés, et il faut remonter ces petites pentes abruptes, très courtes, mais très glissantes, parfois même en s'agrippant aux pauvres arbres présents!

Je cogite un peu en me demandant quelle stratégie adopter. Attendre un éventuel sprint final?....mais je ne connais pas du tout mon adversaire....Il ne me semble pas hyper à l'aise dans les passages délicats,...et cela tombe bien, car ils se multiplient!

Nous abordons des virages très brusques avec séries de fossés et au passage du dernier, je me retrouve avec quelques mètres d'avance, sans l'avoir vraiment voulu. Je ne me pose plus trop de questions et continue...l'écart se creuse un peu et voici que se présente un nouveau passage folklorique: une fosse à sangliers!...une sorte de tranchée dans laquelle il faut se faufiler.

des bénévoles reconnaissant la fosse à sangliers

Les slaloms reprennent et il me semble que mon avance s'est accentuée, mais c'est difficile de distinguer mes poursuivants parmi ce dédale d'arbres. En tout cas, ce passage est ludique et je m'y amuse bien. Une nouvelle petite bute à gravir et j'évite de justesse d'écraser une petite salamandre perdue dans la nuit.

Voilà qu'une mare se dresse devant moi!...je m'apprête à la traverser quand je me rends finalement compte qu'on peut la longer en empruntant ses berges très boueuses.

Je poursuis,.. nouveau slalom,...je tente d'accélérer, car je sens que je suis encore assez frais, mais les appuis se dérobent dans la boue.

Je distingue la lumière émanant du château, qui semble désormais tout proche. Et voici une grande allée forestière très boueuse. Je navigue de droite à gauche, cherchant le rendement le plus efficace ( dans la flaque, au centre sur la bande herbeuse, sur les côtés?...)

Une des glissades se fait plus brutale et je m'étale dans une flaque de boue. Je me relève rapidement sans prendre le temps de regarder derrière, craignant un retour, et voilà la route qui mène au sein du château.

Je peux enfin allonger la foulée. J'entre dans la première cour en passant sous l'arche et l'ambiance y est géniale. Les spectateurs y sont nombreux, les encouragements et applaudissements nourris.

J'emprunte à nouveau le pont dormant, éclairé de petits braseros, croyant toucher au but...mais juste après le pont-levis, nous entamons un tour complet du château entre les douves et le mur d'enceinte. Je boucle le tour, me demandant où est placée la ligne d'arrivée et ...le parcours continue...en grimpant dans une des tours !...je monte l'escalier en colimaçon à toutes enjambées,...puis je passe dans le grenier et redescends dans une autre tour. Et voilà la ligne d'arrivée, à la sortie !...

la boucle finale autour des murailles

les greniers

Guillaume, à l'entrée de la première cour

Au final, une première place mais surtout beaucoup de plaisir sur un parcours très agréable.

Il y a toujours un petit côté féerique à courir la nuit dans la forêt, à la lumière des frontales, avec de temps à autre des petits braseros pour baliser notre chemin, ou les yeux phosphorescents d'un animal.

L'ambiance entre les coureurs et avec les organisateurs était très conviviale, les bénévoles nombreux et accueillants, avec une découverte agréable de ce patrimoine historique. En matière de difficulté, la boue est venue un peu compenser l'absence de dénivelé...

Et nous finissons par un pot réconfortant (vin chaud pour les costauds, chocolat pour moi!) ...bref vraiment une manière sympathique de finir l'année!