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Templiers, la course.

Près de quinze jours après , je trouve enfin le temps de faire un petit résumé d'une course qui fut vraiment particulière...et un peu...bizarre...

Après la désillusion de l'UTMB, je voulais vraiment trouver une course pour réinvestir ma prep' et je me suis démené pour trouver ce dossard pour les Templiers...mais la déception n'était toujours pas vraiment digérée.

Après les raids Goëlix et des Chaussées, je réussissais à placer deux très bonnes semaines d'entrainement et prévoyais d'ensuite bien me reposer...mais finalement, dans les quinze derniers jours, plus on approchait de la course et moins j'avais la gnac, un peu fatigué, pas trop d'envie, surtout pas de refaire les gros efforts "diététiques" d'avant UTMB (4 kg de différence entre les deux départs!), ...bref une drôle d'impression.

J'étais par contre super content de partir en vacances, avec famille et copains pour une semaine à Millau après la course...et d'ailleurs de ce côté là, tout s'est formidablement bien passé...une semaine excellente!...

La veille de la course, sur le village de départ, je ne suis "pas dedans",...pas la petite boule habituelle, mélange de stress et d'envie...

Le matin même de la course en revanche, tout va très bien,...bonne nuit, bon réveil,  bonnes sensations lors du mini échauffement, je me reprends à y croire!...Je revois plein de visages connus, Nico est là, Fred et Julien du team Opel aussi,...Manu, Christophe, Herman et Xavier d'Endurance Shop Nantes également,...

Et c'est le rassemblement de près de 3000 coureurs dans la nuit (départ à 6h15), les fumigènes rouges, le public nombreux, la fameuse et traditionnelle musique d'Era...le petit côté "chair de poule" dont m'ont parlé tous ceux qui avaient déjà participé aux Templiers....quasiment tous les plus grand traileurs français sont bien là,...c'est parti!

 

Nous nous élançons donc et franchissons le Tarn....Assez rapidement, dès la première bosse importante, j'ai l'impression de ne pas trop "avoir de jambes" et que ça ne va pas bien se passer....Je me place dans un très mauvais état d'esprit, une vision très négative,...complètement idiot et néfaste à la course,... à la fois en terme de performance et surtout en terme de prise de plaisir...

Christophe revient à ma hauteur et nous discutons un peu...il m'encourage et me dit que c'est une course pour moi, avec un final difficile...mais déjà je n'y crois pas trop....une  jolie descente pierreues me réveille un peu, je me retourne et contemple le long serpentin des frontales qui descendent dans la forêt...magnifique...

Je repasse Christophe et Herman et nous entamons une rude ascension dans les bois....j'avais prévu de vraiment être prudent dans cette première difficulté puis d'accélerer une fois sur le plateau...Maud Giraud me double en courant alors que je marche dans cette montée et j'admire sa régularité et son effort,...je commence à être bloqué au niveau de la cage thoracique, une drole de sensation de crispation générale, surtout due à une "panne mentale"...

Une fois sur le plateau, je sors de la course,...je ronchonne intérieurement, je boude, je ne suis pas concentré et je me tords plusieurs fois les chevilles en ne faisant pas attention,...je m'en veux de ne pas avoir fait gaffe au poids, je n'ai pas envie de faire d'effort, même pas de boire,...et mon camel back restera quasiment plein jusq'au 40 ème kilomètre...du grand n'importe quoi!....je me pourris bêtement la course en gambergeant...

Herman revient à ma hauteur et me dit que j'ai raison d'être "soft", et que ça paiera à la fin...mais je n'ai pas l'impression d'être soft!...j'avance pas, mais je ne suis pas facile quand même! je compte encore sur la descente sur Peyreleau pour me refaire....je l'avais beaucoup appréciée cet été lors de la reco. et le premier ravito' est juste après...sauf que dans la descente, je suis encore tout crispé et Herman me largue...

A la sortie du ravito' (environ 55-60 ème place...) , je veux ranger ma frontale dans le sac tout en courant et je n'y arrive pas...je m'énerve un peu et m'arrête pour le remettre...tout en ronchonnant à nouveau...puis nous empruntons un beau sentier en forêt, avec une nouvelle bonne ascension...au sommet Christophe me rattrape et nous discutons un instant...il m'encourage, mais je n'y mets aucune bonne volonté et je le regarde s'éloigner en lui souhaitant bonne course. S'en suit un long long moment de galère...je n'avance à rien, avec toujours cette impression de blocage dans le torse...je ne relance jamais, je me laisse décrocher à chaque fois qu'on me double...Je suis en train de me pourrir ma course tout seul!...Moralement ça ne va pas du tout, et je songe même à abandonner...mais je me l'interdis, car en fait je n'ai de douleur importante nulle part , et je sais que si j'arrête, je vais ensuite le regretter et m'en vouloir longtemps...je me force donc à continuer... je ne vois plus du tout Herman et Christophe qui sont partis loin devant et j'arrive au ravito de St André, soit le 37 ème kilomètre...on m'annonce que Fred est juste derrière moi!.....je suis très surpris car je le croyais devant, mais je sais aussi qu'il est adepte des départs prudents, puis des belles remontées...j'ouvre mon camel back pour qu'un des bénévoles me le remplisse, mais il ne met que trois gouttes, car je n'ai quasiment rien bu....et effectivement, je vois Fred qui arrive.

 

Nous repartons donc ensemble et discutons un peu...il accélère progressivement mais je ne fais pas l'effort de m'acccrocher à lui...je lui souhaite une bonne fin de course et lui dis" d'aller manger "ceux qui vont souffrir sur la fin et d'entamer sa belle remontée. Julien de son côté est déjà très loin devant et finira par prendre une superbe 19 ème place! Chapeau!

Je n'avance toujours pas bien vite, mais ça va un tout petit mieux quand même...Mentalement, je remonte un peu la pente et commence à mieux boire. On m'annonce à la 76 ème place. C'est bien loin, mais je visais une place dans les cent premiers... donc pas si mal, vu les sensations...Un mini-déclic va en fait se produire autour du ravito' de La Roque...nous passons devant le bar où Manu avait eu une petite prise de bec avec la patronne, qui ne voulait pas nous aider à retrouver notre chemin lorsque nous nous étions un peu égarés cet été....nous en avions ensuite bien rigolé et ce souvenir sympa me remet un peu de baume au coeur...puis débute une raide ascension au milieu de paysages magnifiques, des causses impressionants, très "déchiquetés", qui s'élèvent au milieu d'une nature très sauvage...je retrouve du plaisir et pense à profiter de ce cadre extraordinaire. Et j'arrive dans le sillage de Laurence Klein. Nous sommes plusieurs gars autour d'elle, un peu dans le ventre mou de la course, sans grand chose à espérer en terme de classement, peut-être un peu à nous endormir. Mais, elle, joue le titre de championne de France sur cette course...et donc dans les passages où on aurait peut-être tendance à se laisser un peu aller, à ne pas trop forcer, elle relance...je suis admiratif et en profite pour me forcer à suivre. Un des coureurs annonce que ça commence à être dur pour lui et un autre lui rétorque qu'il faut savourer car on a beaucoup de chance de pouvoir faire cela...cetains ne peuvent pas,... ne sont pas suffisament en bonne santé...

Cette sentence termine de me réveiller...j'ai honte de m'être un peu "apitoyé sur mon sort" sur cette première partie de course , et de me l'être gâchée...d'autant plus que cette manière de voir la course comme un privilège est quelque chose auquel je tiens beaucoup habituellement. Mais oublions ça, c'est reparti, je m'accroche....et je savoure....

ça va de mieux en mieux,...je bois énormément , sans doute pour compenser le début de course "à sec"!....

Le parcours est de plus en plus difficile, très technique, pas facile de courir sur ces pierres et le chemin prend des allures de montagnes russes, empruntant des montées-descentes bien raides....je remonte plusieurs coureurs et passe Laurence  Klein. J'accélère, ou du moins je tente de faiblir moins que d'autres coureurs sur cette partie....mais un petit incident de parcours se présente à nouveau. Mon GPS a perdu le fil en forêt et je demande donc à des spectateurs où nous en sommes par rapport au ravito' de Masssebiau . Ils m'annoncent qu'il ne reste que 4 km...comme cela m'arrange bien et que j'ai très envie d'y croire, je les écoute... Je finis ma réserve d'eau et continue mon chemin. Mais au bout d'un bon moment , je ne comprends pas trop car je ne vois pas le ravito' arriver.

Je sors mon profil de parcours plastifié et constate qu'effectivement le terrain ne correspond pas trop à ma courbe....je continue à avancer en me posant quelques questions...D'après les indications des spectateurs, je devrais avoir dépasser le ravito' depuis 2km....Et Laurence me rattrape et me double...je lui demande alors le kilométrage qu'indique son GPS. Sympa, elle m'indique qu'il reste 5 km pour le ravito. M...., alors!...et plus rien à boire depuis un petit moment déjà, c'est pas bon, ça!...mais le moral n'en pâtit pas trop et je cours à nouveau avec la future championne de France. Et puis à l'approche de Massebiau, j'aperçois Manuella et Lubin, venus m'encourager, et ça, "ça re-booste!"

 

Quand j'arrive à ce dernier ravito', je tombe nez à nez avec Herman et Christophe! Je les ai rattrapés sans trop y penser. Je fais rapidos le plein du camel et repars aussitôt. Je double les gars. Christophe est arrêté sur le côté pour s'équiper de bâtons pour cette dernière partie de course...effectivement bon choix, car nous commençons une côte assez longue et très raide...sous la pluie,...puis des descentes encore plus raides, boueuses où de nombreuses cordes sont tendues pour faciliter la descente...c'est un exercice de style particulier, on se lance dans le vide en attrapant la corde pour ne pas trop déraper et en se jetant contre les arbres pour s'en servir d'appui afin de changer de direction!...je relance pour tenter de ne pas me faire rattraper par les gars de Nantes. Je redouble Laurence...Mais je perds aussi du temps, car on ne peut pas doubler dans ces chemins étroits et sinueux et le concurrent devant moi, tombe pour la quatrième fois dans ces pistes noires!...je finis enfin par le passer. La pente devient moins raide et nous sommes tout proches de Millau...il me reste pas mal de jus (ce qui n'est pas trop normal, mais sur le moment c'est appréciable!...) et j'accélère....un passage dans des champs, je double trois concurrents...nous finissons même par un peu de route et je vois le coureur qui me précède au loin. Je lance une sorte de sprint final et le reprends. Je passe finalement la ligne d'arrivée en 54ème position, après 8h10 d'effort. Je retrouve Fred qui est arrivé 46ème et a connu un problème de camel back. En tête de course, c'est Thomas Lorblanchet qui a mis tout le monde d'accord et s'est brillament imposé. Erik Clavery prend une très belle 5ème place, qui lui vaut de terminer médaille de bronze du classement du TTN (championnat de France).

Finalement à l'arrivée, j'ai plutôt bien vécu cette deuxième partie de course, même si l'énergie qu'il me reste à l'arrivée est paradoxalement un peu décevante. J'aurais sans doute pu et du mieux faire, mais le plateau était de toute façon très relevé et je n'aurais pas non plus gagné 30 places!

Pour conclure et avec le recul, cette course est devenue un  étonnament bon souvenir...et j'ai un peu "zappé" la galère des 40 premiers kilo, pour ne garder que le positif. C'était une expérience importante et cela me servira sans doute dans d'autres épreuves. Ne jamais oublier cette chance que nous avons de pouvoir vivre ce genre d'événements, ....c'est vraiment un luxe qui n'est pas donné à tout le monde, ne pas jouer les enfants gâtés!...Aux montagnes russes du parcours, se sont superposées des "montagnes russes du moral", des sensations très intenses et contradictoires, pendant la préparation puis pendant la course...Je suis passé par des émotions très diverses, des moments d'incertitudes, de questionnement et c'est aussi pour cela que l'on fait ce genre sport. Un bilan...how bizarre!...

La descente vers Massebiau (ravito' du 64ème km)

Entame de la dernière portion , dans les ruelles de Massebiau.

Vue depuis Peyreleau.

Les Causses....c'est loin, mais c'est beau!

Découvrez la playlist Templiers avec Era


05/11/2010
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