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Embrunman 2014: Partie 2.

Partie 2: le vélo!

Après avoir retiré la combi. néoprène, je me lance donc dans cette première transition.



L'équipement a été réfléchi de longue date, mais dépendait jusqu'au dernier moment de la météo. Je tiens à porter les couleurs du club et j'arbore donc la combi. tri fonction verte à fleur rose du PACT 44 !

Des manchons pour les bras, un maillot de cyclisme par dessus, à la fois pour avoir chaud et pour avoir à disposition les larges poches dorsales indispensables au stockage du matériel et enfin une veste « wind stopper ». Pas évident de trouver le compromis entre la tenue qui protégera du froid, du chaud et permettra de ne jamais recourir à une assistance extérieure, totalement interdite.

Je boucle le tout en un peu plus de 5', soit un léger mieux par rapport à l'an passé.


La route s'élève alors fortement aussitôt la partie vélo entamée. Dès le départ, je sens que je ne tiens pas la même forme que l'an dernier et je ressens déjà les cuisses quelque peu « dures » !

J'ai un peu moins pu m'entraîner (environ 15 % en moins en juillet) et je n'ai pas pour autant privilégier la récupération. Je n'ai en outre quasiment pas fait de sorties longues (une seule séance de plus de 100 km depuis...l'embrunman 2013 !...)... il va sûrement falloir serrer les dents !


Le parcours quitte donc Embrun pour s 'élever en direction des Méans. Après seulement 5 km, j'aperçois un concurrent arrêté sur le côté, en compagnie d'un arbitre...chaîne cassée !... Voilà qui me rappelle que le statut de finisher ne tient vraiment à rien....Je compatis bien inutilement à son malheur...


Les vues sur le lac à notre gauche sont magnifiques... les reflets de lumière du jour naissant à sa surface et les montagnes l'entourant font bien vite oublier que l'on monte depuis une vingtaine de kilomètres. Les pentes oscillent entre 7 et 9 %, avec un court passage final annoncé à 19% ! J'ai pourtant froid, notamment aux doigts et au buste... Je double un concurrent qui porte seulement sa combi tri fonction, sans manche et je me demande bien comment il fait !...

Je commence à remonter quelques places, mais de manière moins nette et facile que l'an passé. Voici qu'arrive la première longue descente et je souffre encore plus de la fraîcheur des températures. Je grelotte même et tremble sur le vélo !

Je ne suis déjà ni habile dans le choix des trajectoires, ni courageux, ni habitué à la montagne... alors, avec ce froid !...

La sanction est immédiate et je me fais énormément doubler dans la descente vers la gare de Savines le lac... Pourtant je ne me fais pas trop peur et si je perds des places, je reste serein.


Un long faux plat descendant, puis la traversée du lac sur le pont de Savines et la très longue ligne droite nous ramenant vers Embrun sont l'occasion pour moi de me tester en position « contre la montre ». Bras bien posés sur le prolongateur, développement « tout à droite » avec un plateau de 52 (contre 50 l'an dernier)...c'est le moment de faire parler les progrès enregistrés grâce aux séances avec le club ! Et en effet, je récolte les fruits de ce travail, car je vais bien plus vite que l'an passé sur cette portion et recommence à doubler.

Nous arrivons alors au rond-point de Baratier où une énorme foule nous attend, survoltée.

Enorme ambiance, les spectateurs s'écartent à notre passage !... ça revigore. Voilà les 40 premiers kilomètres engloutis... plus que 148 !

Petit coucou au fan club un peu plus loin et l'aventure se poursuit !


Je suis toujours inquiet d'un problème matériel ou d'une éventuelle chute, véritable épée de Damoclès au dessus de ma tête, menaçante et usante, mais je gère très bien l'aspect « effort de longue durée ». Je pense à m'alimenter très régulièrement. Je gère bien mes ravito en eau, en ayant toujours au moins un bidon plein à dispo. Je ne m'affole pas et sais que la journée va être longue.


Le parcours emprunte maintenant une alternance de petites montées et descentes pendant une quarantaine de kilomètres. Là encore, les paysages traversés sont splendides et notamment les gorges très encaissées du Guil. En revanche, j'ai toujours froid ! Peu avant l'arrivée au pied de l'Izoard, nous empruntons un interminable faux plat descendant. J'ai l'impression qu'il n'en finit pas, que nous n'avançons guère vite, bien que pédalant dur sur un grand développement et avec le bénéfice de la descente...une portion délicate !...






Et nous voilà à l'assaut de ce fameux col de l'Izoard. Dès les premières pentes plus sévères je commence à doubler, notamment après avoir relancé en danseuse. Je n'ai d'ailleurs probablement pas suffisamment utilisé cet atout...je le saurai pour une prochaine fois !...  Les pentes annoncées oscillent cette fois entre 9 et 16 %...


Je me sens bien moins aérien et facile que l'an dernier, mais l'ascension se passe néanmoins assez bien. La pente alterne entre pourcentages moyens et élevés et un coureur est même obligé de mettre pied à terre et de pousser son vélo.


Là encore, règne une belle ambiance, notamment dans les virages des portions les plus abruptes ! Nous traversons alors la « casse déserte », paysage lunaire, impressionnant, fait de roches très découpées et nu de toute végétation...


Juste avant le col de l'Izoard

Un dernier effort pour cette ascension d'une petite vingtaine de kilomètres et nous gagnons le col de L'Izoard à 2361m d'altitude. On nous annonce alors une température de 5°C !!!




Je passe sur le tapis de pointage et slalome entre les concurrents arrêtés au ravito' pour m'élancer immédiatement dans la descente... pas le temps de me poser alors que je sais aborder la partie critique pour moi.

Je me lance dans les premiers lacets et le concurrent devant moi manque de justesse d'effectuer un périlleux tout droit dans le troisième virage !...le ravin était juste en dessous !...

De mon côté j'effectue une descente très prudente, mais sans grosse erreur et sans me faire peur par maladresse cette année. Le manque d'expérience reste criant et je me fais beaucoup doubler, d'autant que je tremble à nouveau de froid....mais ça ne m'inquiète pas.


Juste avant un nouveau virage très serré à gauche un concurrent me double à très vive allure, alors que j'ai moi très nettement ralenti. Je pense alors « ça passe ça, à cette vitesse ?... » je suis probablement trop prudent, mais lui verse dans l'excès inverse et doit freiner un grand coup dans le virage...il part en dérapage et récupère in extremis son vélo. Réaction ?... il pousse un « hi yaaaa ! » et repart de plus belle !... Nous ne vivons pas dans le même monde apparemment !

La suite de la descente est moins difficile. Je m'y applique et rend une copie disons « honnête et propre »...ce qui est loin d'être suffisant pour éviter de me faire doubler, mais je limite néanmoins la casse.


Nous voilà maintenant à Briançon et nous avons donc effectué environ 120 km. J'ai la chance de ne pas souffrir de frottements au niveau des chaussures, des mains ou de la selle, ce qui était envisageable, vu l'absence de longue distance dans mon entraînement. J'ai bien une habituelle grosse contracture dans le haut du dos, mais elle ne me fait très mal que sur certains mouvements rares. ...donc jusqu'ici tout va bien !



Nous passons d'ailleurs sur le lieu de ma chute de l'an passé et je me dis alors qu'à partir d'ici, je suis en progrès !....

En discutant avec de nombreux concurrents des années précédentes, on m'avait prévenu qu'il restait trois côtes terribles après l'Izoard. Voilà que se profile la première d'entre elles, celle des Vigneaux.


Très classiquement, je la monte avec aisance et y prend même un certain plaisir. Mais dans la descente suivante un groupe de coureurs s'est formé derrière moi et ils me doublent tous à vive allure.


La dizaine de kilomètres qui suit est assez désagréable pour moi. En effet depuis Briançon le vent est de plus en plus fort, face à nous et j'ai la nette impression que ce petit groupe devant moi me joue un vilain tour. Je suis tout seul à leur poursuite et ils semblent bien se protéger mutuellement du vent, ce qui est formellement interdit dans cette épreuve « no drafting ».


Jusqu'à l'Izoard, les arbitres à moto étaient très présents, mais nous ne les voyons plus du tout. Voilà qui ne m'arrange pas !


Ce petit manège dure ainsi jusqu'au pied de la côte de Pallon, celle que beaucoup estime comme la pire. En effet, elle monte raide, droite, sans lacet et le soleil y tape fort. 2,4 km à 12%...

Le bitume renvoie une impression de chaleur étouffante, ce qui me fait finalement le plus grand bien. Le groupe devant moi explose dans la difficulté et je les reprends tous progressivement, un à un... Avant évidemment d'en revoir quelques uns passer dans la descente...mais seulement quelques uns, pas tous !...



Arrive maintenant une vingtaine de kilomètres où nous alternons à nouveau petites montées et petites descentes, bien moins prononcées. Mais elles arrivent tout de même après 160 km de course !... Physiquement tout va très bien, et je double à nouveau quelques concurrents. Mais mentalement, une petite lassitude s'est installée … et le vent nous gêne toujours un peu plus.

Les écarts se sont creusés et nous sommes bien plus éloignés les uns des autres.

Et nous revoilà à Embrun, avec la traversée du pont de fer. Je sais qu'il me reste l'ascension de la côte Chalvet, mais je l'attendais presque avec impatience ! Mon précieux fan club est là et m'encourage en criant « allez, il reste Chalvet ! Tu la connais ! »... Oh oui, je l'ai même reconnue hier ! Cette côte, ici on l'appelle « la bête » ! 3 km de 9 à 12 % après près de 180 km...

Alors je m'y engage avec volonté et double un grand nombre de concurrents. Deux enfants sur le bord de la route me crient « un bidon, s'il vous plaît, un bidon !... » Ils semblent tellement y tenir que je leur lance un de mes deux bidons, bien que cela soit totalement interdit ! L'arbitre qui oserait me mettre un carton en constatant leur visages s'illuminer ainsi serait vraiment sans cœur !


Je n'ai enfin plus froid et je dévore cette dernière côte avec envie ! Je double, je double et je me prends même à regretter qu'il ne reste pas une ou deux difficultés supplémentaires de ce type !


Voilà notre sommet final avec le dernier ravito' et nous nous élançons dans la dernière descente. Je la sais particulièrement piégeuse car elle emprunte dans un premier temps des routes dans un état particulièrement mauvais. Puis, quand le revêtement devient meilleur, ce sont des lacets très serrés qu'il nous faut aborder. Je m'applique d'autant plus, mais cet effort important et nécessaire de concentration dans les descentes devient pesant avec l'accumulation des kilomètres.


Nous revoilà au dessus du plan d'eau,... plus que 800 mètres. Je pense : « là je vais être finisher, il ne peut plus rien m'arriver »... et dix secondes après, une bourrasque très violente de vent me fait me déporter de deux mètres sur la gauche !... je rétablis rapidement, et me dis qu'il ne faut pas se relâcher...jusqu'au bout !...


Et voilà le parc à vélo, le long tapis bleu, la foule massée de part et d'autre de la longue ligne d'arrivée et tout autour du plan d'eau...l'ambiance extraordinaire... je suis venu à bout de la partie vélo de l'embrunman !...enfin...un vrai soulagement !...


On me propose des massages des jambes ou des soins... « Merci bien, mais non, j'ai un boulot à terminer!... »

Je regagne ma chaise, pose mon vélo, troque le casque contre une casquette, les chaussures de vélo contre des runnings, enlève le maillot de cycliste...un coup de crème solaire et c'est parti pour un petit marathon !





20/08/2014
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