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Nous entamons maintenant la première ascension de cet UTMB. Les sensations sont bonnes et je continue à remonter tranquillement le peloton. La pluie est déjà bien présente et j'ai remis les gants, maintenant que le rythme se fait plus raisonnable. Avant d'attaquer un escalier en fer à la sortie du village j'aperçois Kilian Jornet, venu encourager comme un simple spectateur, discret,...sympa de sa part !

Durant la montée, je double ensuite Karine Herry, une référence en ultra, puisqu'elle a déjà remporté l'UTMB et terminé plusieurs fois sur le podium. La pauvre terminera hospitalisée, victime d'une sévère hypothermie (sa température corporelle descendant à 33°!) ...La course sera difficile pour tout le monde.

La nuit commence à tomber et lorsque nous arrivons dans le final de l'ascension, nous découvrons la lune magnifique, immense et à la fois lumineuse et pale, très basse dans le ciel... Je pointe au sommet du Delevret en 103ème position.

La descente sur St Gervais commence par une portion très raide dans l'herbe mouillée et glissante. Je me relâche et double encore dans cette descente qui me convient bien. Fred, bon descendeur, revient à ma hauteur et j'emboîte donc son pas. Nous doublons encore quelques concurrents et arrivons sur une portion bitumée et moins glissante. La descente reste compliquée car le brouillard se fait dense et la visibilité est vraiment réduite.

Je peux malgré tout réaccélerer et j'arrive à St Gervais en 75 ème position, une trentaine de secondes devant Fred. En fait je n'ai aucune idée de mon classement à ce moment là, et je n'en aurai d'ailleurs aucune non plus tout au long de la course. Il me faudra attendre la ligne d'arrivée.

Dans les rues de St Gervais, l'ambiance est formidable. Les spectateurs sont massés en nombre derrière les ganivelles qui bordent notre route. De nombreux enfants tendent les mains pour que nous leur tapions dedans au passage. Les encouragements sont nombreux et retentissants...ça booste bien !

Je fais rapidement le plein des bidons et c'est parti pour la suite.

Voilà donc l'ascension vers les Contamines. La pente alterne entre montées douces et passages bien plus raides dans la forêt. Je suis bien, mais à aucun moment je ne retrouverai, la même facilité qu'au cours de la 6000D, fin juillet. Je me suis pourtant plus reposé que pour cette ultime répétition et je l'avais terminée sans réellement tout donner, en pensant à m'économiser pour l'UTMB.... C'est vraiment compliqué de réussir à placer le pic de forme le Jour J.

La montée se passe néanmoins bien et je continue à remonter doucement au classement. A l'arrivée aux Contamines, me voilà 63ème.

La pluie se fait un peu plus forte et la visibilité toujours médiocre. Nous passons près de l'église Notre Dame de la Gorge, magnifiquement illuminée en bleu. Un bon groupe de spectateurs y est rassemblé et a éclairé notre chemin d'un petit feu de camp.

Voici une vidéo réalisée par un spectateur...on m'y voit passer suivi de Renaud Rouanet.

MVI_4722 par gregverrier

Je me retrouve en effet avec Renaud, un très bon coureur du team lafuma dans cette ascension vers La Balme. Nous discutons un petit moment ensemble et je fais ainsi à nouveau la connaissance d'un coureur très sympathique. Lui a tenté de suivre le peloton de tête dans les premiers kilomètres et a eu du mal à digérer (au propre comme au figuré) ce départ rapide. Nous croisons alors Emmanuel Gault qui redescend la pente, visiblement pas en pleine forme.

Plus nous montons et plus le climat se fait rugueux. Heureusement je suis bien équipé et je n'ai pas lésiné sur les épaisseurs!...je ne souffrirai ainsi à aucun moment du froid.

Je sais que nous arriverons bientôt au refuge de La Balme et que nous quitterons alors le parcours initial, pour emprunter un itinéraire de repli. Je décide alors de consulter le papier griffonné juste avant le départ pour savoir à quoi m'attendre après le prochain ravitaillement.

Sans surprise mes doigts trempés ne parviennent pas à déplier le papier et je constate de toute manière que l'encre a visiblement coulé...j'avais appris par coeur les distances entre les ravito', mais c'est la seule info qu'il me reste.

C'est également le moment de quitter ma première paire de gants, désormais complètement trempés pour monter en grade et passer au modèle gore tex complètement étanche.

Nous voilà au refuge de la Balme et les conditions empirent à nouveau. Je suis admiratif et reconnaissant envers les bénévoles qui vont devoir rester postés là toute la nuit, à 1800m d'altitude avec de telles conditions! Comme sur tous les ravito' de cette course, je ne perds pas une seconde, remplis mes bidons et emporte deux bols de soupe bien chaude que je boirai en marchant.

Je suis 58ème, mon meilleur pointage de toute la course et nous sommes partis depuis 4h17. Il est donc 23h23...

C'est désormais de la neige qui nous tombe dessus et qui recouvre le sol. L'ascension se poursuit et je suis encore bien. Mais le parcours va devenir de plus en plus technique et les difficultés vont commencer pour moi!