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UTMB 2010: la course.

  Après l'article sur la fin de prep' (je n'ai pas voulu faire un seul article, car cela aurait été trop long,..., le récit sert de défouloir!)

Dernière ligne droite: rendez-vous à Chamonix dans un appart' loué par le Cap'tain. Nous y retrouvons donc Fred et Solenn, Vincent et Hélène, Bruno Poirier, journaliste à Endurance Mag, Sylvain Bazin, journaliste et coureur de courses de malade à travers tous les continents, et l'ami Gilou.

Une soirée « pasta party » très sympa et après un dernier mini footing collectif, une matinée à peaufiner la préparation des sacs dans une certaine excitation... « tu prends quoi s'il fait froid, chaud, ça pèse combien, tu laisses quoi à Courmayeur, tu bois, tu manges quoi à quel moment,. connais tu..cette petite poche magique... »chacun s'échange ces petits trucs et idées de préparation...


Une heure avant le départ, nous réussissons à trouver des bonnes places dans le sas de départ (j'ai un peu honte, mais j'avoue être passé un peu au culot devant des gars qui attendaient depuis plus longtemps et Fred bénéficiait d'un petit dossard, grâce à sa super perf' de l'an passé).


18h30:le départ est donné,...nous nous élançons dans les rues de Chamonix noires de monde...la route s'ouvre devant nous comme pour les coureurs du tour de France,...quelle ambiance!

J'arrive au niveau de Fred et nous nous souhaitons mutuellement bonne course...et c'est parti pour une petite remontée progressive de peloton. Après dix minutes, j'effectue déjà un petit arrêt pipi, car j'ai bien fait le plein de boisson énergétique jusqu'au dernier moment et j'attendais avec impatience de m'extriper de la foule. Je repars tout léger et reviens à nouveau à la hauteur de Fred. Nouveau petit dialogue et cette fois, c'est bien parti!

Nous quittons la route et empruntons un petit sentier qui la longe...je continue à remonter très progressivement et les sensations sont très bonnes...la pluie redouble et je dégaine ma veste imperméable sans même ralentir et l'enfile par dessus le sac à dos. Après huit kilomètres, c'est le premier point intermédiaire aux Houches. Je suis légèrement en avance sur mon meilleur chrono prévu...tout va bien...A la sorie du village, je distingue devant moi la fine silhouette d'Antoine Guillon (3ème à La Réunion l'an passé). Je me porte à son niveau et lui remémore notre montée et descente ensemble du Piton des Neiges. Nous courons une petite heure ensemble, en continuant à remonter à la fois la pente et le classement, en compagnie de David Laget. Je m'aperçois qu'il est en running adidas!...Mais il maîtrise tellement bien la montagne!


Au kilomètre 14, nous arrivons à notre premier point culminant, le Délevret,à1776m. Aucun pépin, je m'alimente et bois bien. Nous amorçons la longue descente sur St Gervais. D'abord par une piste qui descend au milieu des champs. Le sol est boueux, et je me lance en pensant à être bien relâché. Et làs, les sensations sont excellentes!...je cavale et double de nombraux concurrents, sans souffrir ni puiser dans mes forces...je rejoins finalement un petit peloton et mets ma lampe frontale, car la nuit tombe et la visibilité est très limitée dans les bois. Après 7 km de descente, c'est l'arrivée sur St Gervais. La foule est nombreuse et les encouragements enthousiastes!...que du bonheur! Le ravito se passe bien, je recharge complètement en eau et réussis à bien manger sans même m'arrêter. Il faut être prévoyant pour la longue nuit qui s'annonce.

A la sortie du village, j'entends un « allez Greg! » surprenant....c'est Elodie, ancienne athlète d'Ancenis installée dans la région. J'ignorais complètement qu'elle serait là et c'est une bonne surprise. Manuella et Lubin n'ont par contre pas réussi à approcher parmi cette foule dense, mais comme je ne savais pas qu'ils étaient là, aucune inquiétude et me voilà à nouveau dans la forêt.


Je regarde les coureurs avec moi, c'est toujours un moment particulier de voir des petits pelotons se former ainsi. Nous nous regardons entre coureurs...ce sont des visages d'inconnus, mais avec qui nous allons partager une nuit, et des sensations fortes.

Pour ma part, le dialogue risque d'être limité car c'est en compagnie de deux japonais que j'aborde la légère montée vers les Contamines. Leurs tenues sont couvertes de zones phosphorescentes qui m'éclairent les sentiers comme une piste d'aéroport!...très pratique!...On m'annonce en 35ème position. Dans la partie finale de l'ascension , un peu plus raide, j'aperçois de dos une silouhette. Je la reconnais immédiatement, c'est Ludovic Pommeret, un des meilleurs trailers français, deuxième sur la Diago' l'an passé! Le sentier dans la forêt débouche sur une route. Je double Ludovic, qui n'a pas l'air au mieux, mais je ne le dérange pas et me reglisse dans le sillage de mes poissons pilotes japonais. Je me dis que ces grands noms du trail me redoubleront certainement dans la partie plus purement montagnarde, mais je suis super à l'aise, et tout ce qui est pris n'est plus à prendre!...Je suis très en avance,...mais tout va très bien. C'est évidemment facile à dire maintenant, et nous n'étions qu'au début des cette longue épreuve...mais c'était un bon début.

Nouvelle rangée de public bien motivante et arrivée aux ravito' des Contamines.

Je passe le tapis et une bénévole se met devant moi en m'annonçant « Il y a une neutralisation! Tout le monde attend ici»

Je dois paraître tellement interloqué et mon visage doit tellement laisser transparaître d'incompréhension qu'un second bénévolé accourt en reprenant en anglais « There's a break... »

Je souris, « non, non c'est bon, je parle français... Que fera-t-on de nos chronos quand nous repartirons?»

« On n'en sait rien pour l'instant... »


J'aperçois Manuella et Lubin dans le public et m'approche d'eux. Manuella m'explique qu'il y a une coulée de boue et que la course est arrêtée, dans l'attente d'une décision de l'organisation ». Un

japonais est effondré en pleurs...J'entre dans une minuscule pièce de l'office du tourisme pour me mettre au chaud, m'assois et m'aperçois que je suis à côté de Thomas Lorblanchet, champion du monde de trail 2009! Un petit mot, une petite photo, c'est toujours ça de positif à cet intermède!

Et puis la sentence tombe au micro: « l'UTMB 2010 est définitivement annulé! »


Nous regagnons une petite salle des fêtes avec Fred, arrivé depuis, où un papi très sympathique nous propose son chalet pour la nuit! Finalement après un peu d'attente, nous prenons une navette qui doit nous ramener à Chamonix. Mais le chauffeur nous fait descendre à St Gervais, en nous expliquant que nous allons prendre le tram jusqu'à une gare, puis un train jusqu'à Chamonix! La file d'attente est très fournie et un premier tram part en laissant des centaines de personnes à quai! Nous préférons finalement passer un coup de fil à Solenn et Hélène pour qu'elles viennent nous chercher depuis l'appart'. Quand nous arrivons enfin, gros coup de stress! Manuella et Lubin ne sont toujours pas là, alors que leur navette devait être partie bien avant la notre. Je ressors à leur recherche dans les rues de Chamonix, très inquiet. Finalement, coup de fil de Fred, ils viennent d'arriver.


J'apprends que la course TDS , qui devait partir à minuit, est elle aussi anulée.


Débriefing collectif dans le salon, et nous nous couchons à 2h15. Quelques minutes plus tard, Bruno revient de la conférence de presse et nous annonce que l'organisation prévoit une course de substitution le lendemain matin. 80Km, départ 10h de Courmayeur, navette à 6h30 à Chamonix!...

Effectivement un sms nous prévient à 2h30, 4 h avant le rendez-vous navette! Que faire? Je décide de me coucher, la décision attendra. Je dors très peu, très mal, et me réveille à 5h. Je suis finalement bien frais et de bonne humeur, ...je me décide à aller courir. Assiette de pâtes, préparation des boisssons, enfilage de la tenue prévue en rechange, remise de sac et chaussures trempés. Fred et Vincent ne se sont pas levés alors j'y vais seul...bien motivé!

Je sors et la pluie est toujours présente.

Quand j'arrive au lieu de rendez-vous, je demande s'il y a des inscriptions, des dossards, personne ne sait me répondre. Je croise les coureurs de la CCC, course qui avait lieu depuis la veille. Ils sont ramenés en bus, car un torrent déborde à Vallorcine! C'était sur notre parcours de substitution! Un bénévole me dit que nous allons donc nous aussi peut-être devoir être stoppés là!...Nouveau coup de massue!


Je me glisse dans la file d'attente qui s'allonge sur le trottoir, mais aucune navette ne part, car il faut d'abord rapatrier les concurrents de la CCC. Après 30' de planton je sens le gros plan foireux. Je me vois galérer à attendre seul pour une course qui ne partira qu'à dix heures...sans savoir si on s'élancera pour 30, 50 ou 80 km,...puis un éventuel rapatriement avec différents modes de transport, des attentes, comme cette nuit,...j'imagine les autres en train de m'attendre et Manuella à nouveau galérer avec Lubin...je décide de rentrer à l'appart' et de jeter l'éponge.

Je me recouche et pendant ce temps Vincent se lève et part faire un tour. Il me dira plus tard que s'il avait su que je m'étais levé, il serait venu avec moi!


Nous apprenons que la course ne réunit que 1300 personnes ( sur les 1200 de la TDS et les 2300 de l'utmb). Pourtant, les coureurs de la TDS étaient déjà eux sur place, puisque leur course partait déjà de Courmayeur. Mais entre ceux qui avaient éteint leur portable, ceux qui n'avaient pas de logement, ceux qui ont eu le message trop tard ou pas du tout, ceux qui sont trop dégoûtés,...ceux qui pensent que ça ne sert à rien, n'a pas de sens, n'est plus l'utmb...


Finalement la journée se passe et au fur et à mesure, nous apprenons que la course se poursuit bien, nous voyons des images du départ avec un même un brin de soleil, et les regrets commencent à monter violemment en moi!...Je commence à beaucoup m'en vouloir de ne pas avoir suivi mon idée. jusqu'au bout!....J'avais bien accepté l'arrêt de l'utmb pour raison de sécurité, mais là , je me dis que c'est de ma faute et je suis navré. Le soir, nous allons voir l'arrivée. Les trois premiers, puis les 4, 5, 6 et 7 ème qui arrivent à quatre bras dessus bras dessous, après avoir visiblement couru une course très intense. Parmi eux Antoine Guillon, avec qui j'avais couru la veille....L'émotion devient trop grande et je craque...gros gros coup au moral!...

Encore une fois, ce n'est qu'une course et il y a nettement plus conséquent dans la vie, et tout n'est pas négatif, j'ai beaucoup apprécié ces 30 premiers kilomètres,... C'est encore plus dur pour ceux qui venaient de très loin (USA, Japon, ...) et qui avaient organisé un tel projet depuis des années. Cela souligne encore plus la chance que j'ai eue de pouvoir participer à La Diago' l'an dernier sans souci.


Un grand merci également à tous ceux qui , depuis notre retour, m'ont déjà soutenu par messages, téléphone, ou de visu...sympa!

L'article du Dauphiné Libéré du dimanche et un petit agrandissement:

Le capt'tain Fred, Manuella et Lubin, et moi, à l'arrêt de la course aux Contamines

PS: la musique, c'est ce que nous  passait la sono des organisateurs quand nous sommes rentrés penauds au beau milieu de la nuit!...j'ai trouvé ça énorme!

Découvrez la playlist Show must... avec Queen


31/08/2010
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