raid-is-greg

raid-is-greg

Ultra Trans Aubrac: le récit complet.

4h15, samedi 14 avril : c'est l'heure de se lever pour partir à la quête des trois points « UTMB » grâce aux 105 km de l'Ultra Trans Aubrac.

Après avoir passé une semaine plongé dans le doute par une tendinite sur le pied et un petit virus, les sensations lors des derniers entraînements étaient finalement assez bonnes. La douleur sur le pied s'est bien fait ressentir un peu en conduisant la veille de la course pour rejoindre l'Aubrac, mais le fait de n'ambitionner rien d'autre que de franchir la ligne d'arrivée m'ôte une forme de pression. Enfin, je me présente tout de même sur la ligne de départ plutôt content d'avoir réussi à perdre cinq kilos depuis ma première compèt' de 2012 (départ. de cross)...ça peut aider...

De l'avis général de tous les coureurs présents à l'hôtel et ayant déjà participé à cette épreuve, il faudra se méfier des conditions climatiques qui peuvent être particulièrement difficiles en cette saison sur le plateau de l'Aubrac. J'ai donc opté pour l'équipement maximal (buff, gants, 2 vestes, bonnet,...) et ne les regretterai pas tout au long de la course !

A 5h30, après un briefing de l'organisation et une vérification des sacs et du matériel obligatoire, nous quittons la salle des fêtes de Bertholène pour monter jusqu'au château en ruine qui surplombe la ville.

La montée se fait tranquillement, en file indienne, en suivant un vieil escalier en pierres, balisé par de petites torches enflammées, posées à même le sol....très joli et avec une ambiance sympathique entre coureurs.

Nous gagnons l'intérieur des murailles. Un départ vraiment agréable, rendu possible par le nombre peu important de coureurs présents (environ 300).

L'heure du coup de pistolet approche et des fumigènes rouges éclairent les murailles du château. La sono envoie la musique désormais traditionnelle sur les départs de course : « Pirates des caraïbes »...cela rompt un peu avec le caractère « intimiste » de ce départ, mais doit sans doute chercher à traduire ce sentiment de se lancer dans une petite aventure....6h : c'est parti !




Le château illuminé pour le départ.


Partie 1: Bertholène -St Côme:

Très vite un petit groupe se détache en tête de la course. Difficile de savoir qui est coureur solo et qui est relayeur, car certains dossards ne sont pas visibles (il y avait possibilité de parcourir le parcours sous la forme d'un relais, à quatre).

Nous adoptons un rythme prudent, entre 12 et 13 km/h...et profitons ainsi de l'avantage de bénéficier de plusieurs frontales pour éclairer notre chemin. Après un gros quart d'heure de course, nous sortons d'un champ pour découvrir l'impressionnant château des Bourrines.

Après le château d'Ecuillé où avait été tourné « Peau d'âne », voici le lieu de tournage du film Fanfan la Tulipe ...imposante bâtisse que nous longeons. Le chemin s'élève ensuite et notre petit peloton se distend peu à peu au gré des inclinaisons de la pente et de la clarté du jour naissant.


Le peloton de tête au lever du jour
(je suis tout à gauche, Adrien Séguret, futur vainqueur à droite en jaune)

Adrien Séguret prend la tête de la course, qu'il ne lâchera plus jusqu'à l'arrivée, suivi de Patrick Bohard qui lui abandonnera avant le ravito' du km 78. Benjamin Beaume (2ème à l'arrivée) suit ensuite et je suis donc 4 ème, sans le savoir précisément.

Lorsque j'arrive au premier ravitaillement, à St Côme d'Olt (km 23), après un peu moins de 2 heures de course, j'aperçois les premiers s'élever sur le coteau face à moi. J'ai 3-4 minutes de retard et j'effectuerai donc la quasi totalité du parcours restant seul.

Partie 2: St Côme-Laguiole:


C'est parti pour un long face à face avec moi même, dans l'environnement des somptueux paysages de l'Aubrac et de ses rigueurs climatiques.

Nous alternons ainsi les sentiers en forêt, les traversées au-dessus, voire dans de petits ruisseaux et les passages à proximité de nombreux châteaux, souvent très bien conservés, (ceux de Tholet, de Roquelaure, du Bousquet,...)


Nous longeons ensuite un torrent plus important pendant un petit moment et la pente d'abord douce se fait tout à coup beaucoup plus prononcée. En pleine forêt, je tombe sur un vrai chemin de croix (au sens propre du terme!) qui m'emmène jusqu'à l'entrée d'une grande abbaye.




L'entrée de l'abbaye.


La montée se poursuit et est ensuite suivie d'une première grande descente.

Dans celle-ci la douleur sur le dessus du pied se réveille vivement. Nous avons fait un peu plus de 30 km et cela m'apparaît inquiétant. Je tente de poser mon pied plus à plat, moins sur la pointe, et la douleur s'estompe petit à petit. Elle me laissera ainsi plus ou moins tranquille jusqu'à la fin.

Nous sommes à flanc de coteau, dans une épaisse forêt et les appuis ne sont pas évidents , en devers, avec cette boue abondante. Un arbre couché entrave l'étroit chemin. Je saute alors par dessus et retombe ensuite sur une vaste pierre plate trempée...et c'est le triple axel vrillé avec rétablissement miraculeux !...je retombe sur mes pieds mais note bien l'avertissement!

Un peu plus loin, un ruisseau dévale la pente perpendiculairement à notre petit sentier. Pour le traverser, il faut d'abord emprunter une très raide descente, faite de pierres instables et de boue. Je me jette littéralement d'arbre en arbre, en prenant appui sur chaque tronc pour freiner la descente. J'arrive au ruisseau, le traverse et nouvelle glissade !...je ne peux éviter cette fois de frapper la grande dalle pierreuse et commence à glisser dans le ruisseau, vers le ravin,... un peu, mais suffisamment pour me faire peur! Je me relève, reprends le chemin, qui remonte cette fois, avec le sentiment de bien m'en sortir.


Je continue mon aventure solitaire en me fixant d'arriver au ravito' de Laguiole dans la moyenne horaire de 10 km/h. L'ascension se poursuit bien, je parviens à relancer quand il le faut et à maintenir un bon tempo dans les descentes. Les jambes ne souffrent pas trop et surtout, avantage appréciable, je peux m'alimenter correctement sans douleur ventrale. Pour lutter contre la tendinite et le petit virus de la semaine précédant la course, j'ai pris une ampoule de radis noir et une gélule d'ultra-levure les quatre derniers jours...

…..conséquence ou coïncidence ?... c'est vraiment la première fois que j'ai si peu de difficulté dans ce registre ! A noter et à ré-expérimenter!


Nous voilà sur la portion finale du sentier menant à Laguiole. Un ruisseau emprunte notre chemin et nous devons courir pendant quelques hectomètres les pieds entièrement plongés dans une eau plutôt frisquette... puis reprenons à nouveau une partie faite de pierres et de boue. Ce n'est qu'un avant-goût car la seconde partie sera encore plus boueuse. Les pentes de la course ne sont pas très raides et je supporterai très bien ce dénivelé, mais c'est une surprise pour moi de trouver un sol si accidenté et usant.


J'entre enfin dans Laguiole (km 55) et mon objectif anecdotique de moyenne horaire est respecté. Nous empruntons un labyrinthe de ruelles escarpées, quelques escaliers en pierres, pour monter dans la vieille ville puis redescendons vers le gymnase où nous attend le ravitaillement.

55 km et une bonne partie de l'ascension effectués, mais encore 50 km à parcourir ! Je suis vraiment dans l'optique d'une course de préparation pour l'UTMB et je privilégie donc le confort en emportant à chaque fois le plein d'eau, un équipement chaud et complet, sans chercher à m'alléger.


Partie 3: Laguiole / Aubrac-buron des Bouals:

Je repars et essuie une petite averse de grêle dans les rues qui me mènent jusqu'au musée de la coutellerie que nous traversons !...petite visite du patrimoine !....





Le musée de Laguiole

Je retrouve pour la première fois ma petite famille de supporters, ce qui procure toujours un grand plaisir, évidemment.

Nous rencontrerons ainsi plusieurs petits épisodes de fine neige ou de grêle durant cette seconde partie. Pas violents, mais surprenants et parfois accompagnés d'un petit vent bien froid balayant les plateaux.

Un nouveau compagnon m'accompagne désormais depuis le musée (il est d'ailleurs visible sur la photo)... : un chien !...

Il me suivra plusieurs kilomètres et ne me quittera que pour emboîter le pas d'un relayeur au moment où celui-ci me doublera ! Je le retrouverai ensuite...à l'arrivée !... monsieur aura effectué ses 50km, pas vraiment en ligne droite en plus, car il n'hésitait pas à s'éloigner gaiement du chemin le plus court !...et sans camel-back ou porte-bidons, s'il vous plaît !...pas de boisson énergétique, pas de veste gore-tex, pas de bas de compression... Chapeau !


Mais reprenons...cette seconde partie de course s'annonce encore plus sauvage et nous découvrons de vastes plateaux sans le moindre ligne électrique ou autre détail pour nous gâcher le paysage. La vue est dégagée et les paysages magnifiques. La nature rude et un peu austère accentue le sentiment d'être seul au monde au milieu de ces étendues naturelles désertiques.

Après la grêle, j'ai soudain bien chaud dans une montée, car le soleil fait furtivement son apparition. Je décide donc de tomber la veste...Mais deux minutes après seulement j'ai à nouveau froid et je ré-enfile la veste directement par dessus le camel back...la météo est capricieuse...

Je traverse alors mon habituelle période de flottement, rencontrée durant toutes mes courses.

Est-ce le fait d'être moins bien physiquement, sans réellement m'en rendre compte, qui me fait me placer en mode « on préserve son organisme en se relâchant » ou est-ce simplement une forme de lassitude, mais je m'endors un peu, je ne relance plus, je n'ai plus envie de trop forcer et je ralentis nettement l'allure. Je ne parviens plus à maintenir la concentration nécessaire pour soutenir une allure plus prononcée. Je continue néanmoins sur un petit rythme de croisière et la conséquence en est la remontée de mon poursuivant direct.

En effet, au détour d'une très longue montée monotone, à nouveau bien boueuse, dans une forêt, Yann me rattrape et me double (km 63). Je lui emboîte le pas quelques mètres, mais je suis à la peine et il s'éloigne.

Notre chemin bifurque brusquement sur la gauche et nous empruntons une descente vraiment raide, dans une coulée herbeuse au sein de la forêt. Je suis surpris par ce brusque changement et pense alors qu'on dirait une piste de ski...pas raté.... tout en bas après un virage contournant la rangée de sapins, nous découvrons une remontée mécanique.

Nous poursuivons un peu et attaquons cette fois une longue montée, douce puis très raide,...une nouvelle piste de ski!...Mon souci de relâchement mental pose moins de problème face à ces difficultés, car il n'y alors pas besoin de se forcer à relancer la machine et à se faire mal. La pente dicte l'intensité de l'effort et cela me convient bien. Je reviens donc sur Yann et nous atteignons au sommet le point culminant de la course, à un peu plus de 1400 m d'altitude.


La piste de ski, avec un mini reste de neige

La vue est dégagée très loin sur la vallée et le panorama vaut vraiment le coup...mais le chemin devient moins rude et je reperds donc du terrain sur Yann, qui finira ainsi troisième.

Vers le km 70, nous commençons à remonter les derniers concurrents de la course de 50 km, ce qui casse un peu la monotonie et me relance ...fini la gamberge, place tout de même aux jambes douloureuses mais pas trop....je vais bien mieux vivre la fin de course.

Le dernier ravitaillement s'effectue au km 78, dans un des rustiques burons qui émaillent notre parcours (des vieilles bâtisses en pierres au milieu des pâturages d'altitudes, abritant la fabrication des fromages). Une petite soupe au passage et c'est reparti pour les 27 derniers kilomètres, de longues descentes entrecoupées de quelques courtes mais raides ascensions.

Partie 4 Aubrac / St Geniez d'Olt:

Je croise à nouveau ma petite famille à de multiples reprises, ce qui me réjouit et achève de me relancer.




Petit supporter avec bottes indispensables!




Des burons


Seul, perdu dans l'immensité du plateau de l'Aubrac...ma photo préférée...





Ascension vers un brin de soleil!...enfin!...
le camel-back sous la veste, avec un petit effet "bossu de l'aubrac"!








Le village d'Aubrac.




Pas grand chose à signaler ensuite, je réalise une bonne fin de parcours, malgré l'accumulation des courses et la proximité des 80 km de l'éco-trail.

Cela me rassure, car si j'ai manqué de jus entre les 55ème et 75 ème, je ne me sens pas épuisé à l'arrivée et j'aurai même pu continuer ainsi. Encourageant pour les 166 km de l'UTMB!

La descente est néanmoins piégeuse, avec énormément de boue, de tourbières, de chemins devenus ruisseaux par le ruissellement, de pentes parfois très raides où les orteils commencent à taper dur au fond des chaussures.





Tout en haut de ce champ, là où on distingue la rubalise, vous avez un petit décrochement entre la route et le champ, qu'il m'a fallu descendre en toboggan sur les fesses...heureusement ma photographe attitrée n'a pu saisir cet instant peu glorieux...

Je parviens néanmoins à maintenir un bon rythme, une bonne concentration et à relancer quand il le faut. A six kilomètres de l'arrivée, je double à nouveau des concurrents du 50 km, qui m'apprennent alors que je suis 4ème..bonne nouvelle!

Une dernière montée très raide pour atteindre la barre des 100km et ensuite descente très pentue, parfois directement dans des champs, sans chemin, pour gagner St Geniez d'Olt.

Arrivés dans la ville, nous effectuons un dernier petit jeu de montées-descentes dans les escaliers de la vieille ville. Petit supplément touristique que tout le monde n'apprécie pas forcément à ce moment de la course. Nous longeons ensuite le Lot par un chemin de hallage tout plat et c'est l'arrivée au gymnase. Je me fais plaisir en enchainant les volées de marches rapidement et en allongeant la foulée sur le plat. Bonnes sensations!...



Au final, une grande satisfaction, puisque cette course dans de magnifiques et sauvages paysages, m'a permis de prendre beaucoup de plaisir et de tester de manière positive du matériel et une alimentation en vue de l'UTMB.

En terme de résultat, je ne pouvais guère mieux espérer puisque Yann finit un bon quart d'heure devant moi, et que le concurrent italien qui me suit arrive 10' après. Les écarts sont conséquents sur de telles distances.



Une bonne répétition donc et un excellent souvenir.

Après un peu de repos, place maintenant à la préparation d'une toute autre épreuve: un 5000m sur piste dans le cadre des interclubs d'athlétisme...ça risque de changer!





22/04/2012
4 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 22 autres membres