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Pilatrail: le compte rendu.

 

Vendredi 16h30, nous arrivons à Veranne pour le retrait des dossards. Maisons anciennes en pierres, ruelles étroites, population occupée à monter les stands, accrocher les ballons, assembler les douches d'appoint...un petit village charmant!

Nous retrouvons Erik Clavery et sa sympathique petite famille pour échanger un petit moment, puis gagnons nos hôtels respectifs.

Durant tout l 'après-midi, les orages ont succédé aux périodes de beau temps et de forte chaleur...des questions se posent donc quant au matériel à emporter...

Dimanche, après avoir essuyé une petite averse pendant l'échauffement, nous gagnons le sas de départ. Le départ est donné à 8h3O et le peloton constitué à la fois des concurrents du 44 km et de ceux du 21 km, s'élance dans une petite rue étroite. Après 150m, virage très serré sur la gauche, coincé entre une ganivelle et un mur en pierres,...ça sent la bousculade...mais ça passe!...

400 mètres plus loin, c'est déjà le début de la première ascension.


Le peloton est encore important et on ne sait pas qui court le 21 km et qui court le 44 km, ... pas évident de savoir quel rythme adopter. Pour le moment le terrain est assez roulant...ça grimpe, mais pas trop raide et les chemins sont souples. Cette facilité initiale est bien trompeuse sur la nature du terrain qui nous attend ensuite.


Nous montons assez régulièrement, toujours en courant, dans des sous-bois.


Après environ 6 kilomètres, nous quittons la forêt pour attaquer la montée vers la chapelle St Sabin. La montée est régulière et devient plus raide dans sa partie finale...nouveau passage en sous-bois puis raidillon final dans lequel un panneau nous indique la présence proche d'un photographe...pas besoin mon team perso est en place! (prise de photo au caméscope pour cause de déficience de l'appareil photo!

 

Je gagne le petit replat devant la chapelle et aperçois Pascal Giguet sur le côté du chemin. J'imagine qu'il fait un départ prudent car il a couru l'Annecime la semaine précédente.

Nous débouchons alors sur une petite crête et la vue est superbe sur la vallée. Il y souffle un petit vent bien frais, pas très agréable après les efforts de la montée. Le terrain est moins facile, mais il faut commencer à se concentrer : il y a des grosses pierres et des racines, ...finie la rigolade. Nous laissons le premier ravito' et Pascal me double à fond dans une grande descente...fin de l'échauffement?... c'est alors l'intersection entre les parcours du 21 km et le notre. La situation va s'éclaircir et nous n'aurons plus à nous demander qui court avec nous ou pas....Je pointe en 21 ème position.

Une longue montée arrive alors et je double Pascal qui se frotte le genou. Je lui demande s'il s'agit de restes de l'Annecime et il rétorque « de gros restes!... » Nos chemins se séparent alors.


Le temps est changeant et sur une petite crête, alors que le ciel est dégagé, je vois les nuages et la brume arriver par la droite à une vitesse impressionnante. L'image est magnifique, mais nous voilà maintenant sous la couverture nuageuse. Une première montée sous le Crêt de la botte nous fait déboucher sur les crêtes, que l'on suit en single track sur 3km jusqu'au crêt de la Perdrix (1432 mètres, notre point culminant de la journée).

Puis on débouche ensuite dans une vaste prairie.

Encore une fois  le sol est assez surprenant et il n'est pas évident de progresser rapidement. D'une manière générale, le terrain était beaucoup plus rocailleux et plus difficile que ce à quoi je m'attendais. Je sens que je commence à faiblir....Voilà une nouvelle grande montée, en lacets, avec une vue assez dégagée sur le chemin en dessous de nous. L'occasion pour moi de constater que mes poursuivants fondent sur moi et que la suite sera une longue dégringolade au classement!

Une grande descente nous emmène alors jusqu'au parking de l'oeillon, où m'attend à nouveau mon staff...et c'est l'occasion de tourner une petite vidéo.

 

 


Pilatrail 2011 par gregverrier

On débouche alors sur une très longue descente dans laquelle je sens mes forces m'abandonner. Je n'arrête pas de me faire doubler et ça n'est pas évident à gérer psychologiquement. Difficile de voir tous ces concurrents passer avec le sentiment de ne pas pouvoir répondre...d'être impuissant. Pas de douleurs importantes, pas d'essoufflement, mais une impression de faiblesse générale. Et dans ces moments là, je suis incapable de bien analyser le problème et de savoir ce que je dois faire pour me requinquer...vraiment un aspect à travailler pour moi!

Avec le recul ensuite, il semblerait que j'ai alors subi une grosse déshydratation... Un coureur me double à nouveau en me disant que « ça va revenir »...mais je sais que pour moi, en général, ça ne revient pas!...c'est ensuite une long effondrement jusqu'à l'arrivée!...

Je me place alors en mode « je mets un pied devant l'autre mécaniquement , en essayant de ne pas trop réfléchir, de ne pas me prendre la tête , de profiter des paysages, d'oublier que ça ne va pas...et d'attendre patiemment que cela se termine... »

 Il faut alors continuer, en sachant que la perf' ne sera pas au bout...continuer pour les autres plaisirs du trail...oublier l'aspect compétition-performance, puisqu'il apparaît désormais évident que le classement à l'arrivée sera une déception.

Dans la descente parmi les coureurs qui me doublent, il y a Widy Grégo, avec qui j'ai couru un peu la montée initiale. C'est un célèbre coureur guadeloupéen, au style rasta, qui a déjà couru un peu partout dans le monde (marathon des sables, guadarun,...) J'observe bien son style de course et il m' impressionne par sa régularité...toujours le même rythme, toujours les mêmes foulées, …Profitons au moins pour prendre une petite leçon!...A mi-pente , c'est un nouveau ravito'..

J'avais pris un camel-back plein de 1,5l au départ et je sais que j'ai encore fait l'erreur de ne pas suffisamment boire...d'autant plus que les descentes plus typées montagnes que ce à quoi je m'attendais, me brassent bien le ventre et que j'ai du mal à m'alimenter...donc je ne m'arrête pas au ravito',et j'en profite pour très provisoirement regagner 4-5 places au classement...je constate alors que les écarts sont minimes et le classement serré (entre nous, car les cadors devant, eux, sont déjà très très loin!...)

Nous arrivons alors dans un petit single track en forêt,...montées-descentes, slaloms entre les arbres, ...se pencher pour éviter les branches,...à chaque fois je vis un calvaire dans ce type de section qui est ma bête noire,...peu à peu les concurrents me redoublent...et nous reprenons une partie bien descendante.

En bas, km 28, je retrouve les encouragements de ma petite équipe...ça fait toujours plaisir,...malgré la déchéance,...En même temps, je ne souffre pas vraiment, je suis juste fatigué, tout mou, sans force,...

Nous commençons à traverser de vastes pierriers, des sortes d'avalanches de petits rochers (j'apprendrais plus tard qu'on appelle ça des Chirats) à plusieurs reprises. Il faut faire super attention aux chevilles et ce n'est pas évident à négocier techniquement..

Petit encart scientifique (autorisation de zapper!):

Chirat est le nom local donné à des coulées rocheuses, parfois longues d'un kilomètre, qui couvrent les versants pentus du Pilat. On les trouve au-dessus de 900 m d'altitude et principalement en ubac - le versant exposé au nord. Ces formations rocheuses sont rares ; seuls d'autres exemples sont connus dans les Appalaches. Les chirats se sont formés au quaternaire, lors des dernières périodes glaciaires, il y a entre 20 et 30 000 000 ans. Sous l'effet d'un froid sec la roche s'est fragmentée. Puis, cimentés par la glace, des blocs de grande taille se sont déplacés dans la pente à la manière d'un glacier rocheux. Comme la roche en question est pauvre en mica, le granite s'est peu altéré et les blocs sont restés massifs et de forme anguleuse.

Les chirats restent des zones dénudées que la végétation ne colonise que lentement : seuls des mousses et des lichens parviennent à s'installer facilement dans ce milieu. On trouve aussi ça et là une flore alpine comme le Rosier alpin ou le Chèvrefeuille montagnard.

....tout ça pour dire que c'est pas évident à traverser en courant!...surtout quand on est cramé!



Nous arrivons aux environs du kilomètre 31, où Manuella et Lubin sont postés. Elle me prend en photo en train de péniblement et lamentablement marcher dans une côte...la fin risque d'être bien longue...mon gps ne captait à nouveau pas dans la forêt et je ne sais pas trop où j'en suis du parcours, ni ce qu'il reste en terme de dénivelé. Manuella m'indique qu'il ne reste plus que 10km (13 en fait et donc encore 8 avant le dernier ravito'!...malentendu minime mais qui a son importance quand tu es à la peine!)

Nous entamons une longue montée bien raide...le terrain est désormais vraiment un sol montagneux, tortueux , accidenté, où il est difficile de poser correctement les pieds. Nous sortons de la forêt et la vue se dégage. Je distingue alors les fameuses "Trois Dents" sur ma gauche, et on distingue nettement les silhouettes des coureurs qui arpentent la crête. Sentiments confus, je pense instantanément « chouette, c'est génial de courir là-dessus, ça semble beau, de la vraie montagne, un vrai plaisir!... »et en même temps ça me paraît super loin de nous et super haut! Je ne pensais pas qu'il restait tout ça. De plus il commence désormais à faire bien chaud...d'ailleurs une petite fontaine sur le bord du chemin est la bienvenue pour me permettre de m'asperger le visage d'eau fraîche...

Je poursuis donc mon bonhomme de chemin et me retrouve pour un très long moment avec un autre coureur. Nous arrivons finalement au pied des trois dents. Il faut alors monter sur la première, redescendre, monter sur la deuxième etc,... passer des gros blocs,.. c'est dur le terrain est piégeux et ne laisse pas de répit. Au sommet cependant, la vue est vraiment magnifique!...Panorama à 360 ° sur la vallée du Rhône, les montagnes et campagnes environnantes,..Quand nous redescendons de la troisième, nous traversons un nouveau pierrier...mon camarade se retourne et me dit « mais qu'est-ce que c'est que ce calvaire?!... »

Nous amorçons la descente, équipée de quelques cordes dans les passages délicats.

Nous redescendons vers le Rocher de Dentillon qu'il faut grimper pour atteindre le dernier ravito, au km 39.

Un groupe de 4-5 coureurs est là et nous repartons ensemble. Je suis désormais 35 ème.

La fatigue ressentie la dernière semaine de prèp', le manque de « jus », la déshydratation font que je ne peux que me traîner quand le terrain est roulant. Mais dans les passages difficiles, comme je m'entraîne tout de même énormément, l'endurance me permet de résister et de finalement limiter la casse. Au moral, je maintiendrai cette 35 ème position jusqu'à la fin désormais.

Nous amorçons la descente et aussitôt une nouvelle et ultime montée pour revenir sous le rocher de Châtillon.

La dernière descente se fait bien et nous retrouvons le village de Veranne. Un dernier petit tour dans le charmant village, une montée courte mais bien raide, une dernière descente et c'est l'arrivée rythmée par la fanfare!

Un dernier coucou à Lulu!

 

Je retrouve avec plaisir mon mini fan club et me pose sur la place du village.

Comme dans toutes ces épreuves, le paysage était magnifique et les bénévoles toujours aussi dispo' et sympas.

Finalement, ma dégringolade au classement me fait marquer un nombre de points plutôt limité pour le TTN. De plus, il n'y avait pas énormément de participants, ce qui limite le coefficient multiplicateur (plus il y a de participants, plus on marque de points).

Mais c'était tout de même une épreuve bonus et j'ai pu limiter la casse en résistant au mieux, donc bilan mitigé niveau compèt', mais week-end très agréable par ailleurs!

Devant c'est encore Julien Rancon qui rafle la mise et Erik prend une magnifique deuxième place à seulement 5'! très belle perf' de sa part!

Après mise à jour des classements, je pointe à la 20 ème place du TTN,..même si c'est évidemment très provisoire puisqu'il reste de nombreuses épreuves, et que nous n'avons pas tous le même nombre de courses à notre actif.

Prochaine étape dans le Morbihan, le 25 juin. 56 km sur un terrain très plat, de nuit...un changement du tout au tout!

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11/06/2011
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